mardi 9 mars 2021

Les joies et le piment de la pêche en mer

Livre XII

La providence du Pacifique

Chapitre II

Le monde de la plaisance et de l’industrie des loisirs

1. Le développement de l’industrie de plaisance

1.3. L’industrie de loisir du futur qui sera en vedette – la pêche à la ligne

1.3.1. Les joies et le piment de la pêche en mer

En haute mer évoluent les espadons et les thons à nageoires jaunes. Les plus gros pèsent bien 300 livres soit de l’ordre de 150 kilos. C’est une fois et demie mon poids. Comme ces poissons se déplacent en bancs, il suffit d’en attraper un pour en attraper des centaines. Ces bancs de poissons sont les proies des attaques de requins. Quand un requin attaque, le sang se répand. Dans ce cas, les requins des environs arrivent et deux tiers de notre pêche finit par être le repas des requins. On est alors sous le choc. À bord du bateau, on entretient de grands espoirs et tout s’effondre en un instant à cause de l’attaque des requins. (192-152, 3.7.1989)

Quand une grosse prise mord, les vibrations se propagent dans la mer. Lorsqu’on fait du bruit sur le bateau, c’est comme si on lui frappait la tête à coups de marteaux. Pendant des décennies ils ont survécu à des difficultés dans la mer, subissant l’assaut d’un grand nombre de vagues furieuses. On peut facilement imaginer par quoi ils sont passés.

Il ne faut donc pas faire de bruit au-dessus de l’eau. Le poisson sait déjà, vu la situation, à combien de mètres se trouve l’être humain. (221-84, 23.10.1991)

Attraper le thon, ce n’est pas de la pêche. C’est carrément de la chasse en mer. C’est la première fois que vous entendez le mot « chasse en mer », n’est-ce pas ? Attraper un thon est plus difficile qu’attraper un grand bœuf. La bête peut peser plus de 1 000 livres. Vous avez des prises qui peuvent aller jusqu’à 500, 600, 700 kilos, c’est plus qu’un taureau. Attraper une telle bête, c’est très excitant. Il faut vider l’animal de son sang car s’il baigne trop longtemps dans son sang après la prise, le poisson va pourrir. Alors, la mer devient en un instant une mer de sang. Je me dis alors : « Oh ! Je suis sans pitié ! » À chaque fois que je pense ainsi, je me dis : « Dieu laisse aussi les êtres humains endurer des sacrifices pour la libération de l’humanité. » De plus, je me dis : « Ces poissons pris dans la nature, je ne me suis pas donné de la peine pour les éduquer. Mais désormais, je ferai de l’élevage piscicole, et en ferai des offrandes » et je suis soulagé. C’est pour cela que je fais de l’élevage et de la pêche. (219-196, 29.8.1991)

Le poisson est si grand que même si deux personnes de notre taille se tiennent debout, elles seront cachées par l’animal. C’est incroyable qu’un animal de cette taille puisse être pris et ramené au bout d’une ligne qui fait tout juste un millimètre. C’est comme attraper un taureau et le tirer à la ligne. Cette ligne est petite, mais épatante. En tant que femmes, même si vous n’arrivez pas à attraper le poisson, n’avez-vous pas envie de voir cela au moins une fois ? (224-211, 24.11.1991)

Hier j’ai également attrapé un centrolophe noir, vous n’avez pas idée de sa force. Ce poisson avait ouvert une coquille Saint Jacques pour l’avaler. C’est étonnant. La pêche à la ligne qui requiert le plus d’attention est celle de ce centrolophe noir. Vous connaissez les crabes, non ? Si on suspend un crabe coupé en deux à l’hameçon, le poisson en arrache un bout en un clin d’œil. Il va s’y prendre par petites touches rapides. Ça tient du prodige. S’il y a plusieurs lignes avec des appâts dans l’eau, les centrolophes noirs viennent attraper les appâts, et vous ne vous apercevez de rien. (217-208, 1.6.1991)

Pierre était un pêcheur, n’est-ce pas ? N’êtes-vous pas tous descendants de pêcheurs, alors ? Vous devez donc tous connaître la mer. Qu’êtes-vous venus attraper en Alaska ? Le flétan est un poisson qui se prend pour le roi, allongé au fond de l’eau sur son ventre. Il vit et se nourrit en restant allongé sur son abdomen. Ses yeux ressortent comme des antennes et il vit là au fond de la mer, tel un rocher couvert de mousse. Il est allongé et puisqu’il émet une odeur, des petits poissons s’y rassemblent. Quand les petits poissons se sont regroupés, il tord son corps pour les attraper et les avaler.

Il mange et vit allongé sur son abdomen. Il est comme Satan. Il est le Satan « roi ». Il dit : « Que quelqu’un dans le monde entier ose venir me toucher ! » Lorsqu’il est accroché à l’hameçon et qu’on le tire, il continue à dire : « Qui a le toupet de venir me toucher ! » Puis après s’être calmé, il commence à se dire : « Oh là là, c’est la catastrophe ! » Le flétan de l’Alaska a déjà reçu la foudre du révérend Moon. Personne ici à Kodiak, n’attrape de flétan de plus de 80 livres. Quand le révérend Moon est arrivé dans ces eaux là, il y a eu pour la première fois des prises de 200, 300 livres. (206-274, 14.10.1990)

Si la pêche est excitante, c’est qu’on y voit du sang. Vous ne savez pas combien de stress est libéré quand on voit du sang. C’est pareil pour la chasse. Comment soulager le stress des êtres humains modernes autrement ? Voir du sang, c’est bouleversant. Savez-vous pourquoi les Romains de l’antiquité étaient cruels ? Ils étaient soulagés de leurs tensions en voyant le sang de gens qui mourraient déchiquetés, les gens aimaient bien cela. Quand on voit le sang couler, on dit : « Whaoh ! » et les cellules se mettent sens dessus dessous. Le stress n’a plus d’endroit où se loger, et prend la fuite. Les hommes qui ne savent ni pêcher ni chasser, sont de vraies femmes. Ne vivez pas avec ce genre d’individus. (203-57, 14.6.1990)

À force de vivre dans la civilisation, l’être humain accumule le stress. Comment s’en débarrasser ? Il ne suffit pas d’en parler. Il faut de l’excitation ! Si vous n’avez pas quelque chose de plus fort que la vue du sang, ça ne marche pas. Au moment où l’on voit du sang gicler et des morceaux de viande se tortiller, des choses comme le stress ne peuvent pas rester. Il prend la fuite. C’est la même chose pour la chasse. Des poissons comme le thon sont trois fois plus grand qu’un bœuf. Si la bête est harponnée, le sang va gicler de partout. Lorsqu’on regarde la mer à ce moment, elle devient toute rouge.

À ce moment là, vous vous sentez une âme de poète. En voyant cela, les femmes vont peut-être s’évanouir en criant : « Ah, mon Dieu, ah, ah… » C’est une vraie horreur. Le stress n’a donc aucune place là-dedans. Il se dissipe. C’est stimulant à ce point. (192-152, 3.7.1989)

En mobilisant les Japonais, l’industrie du tourisme est prometteuse aux États-Unis. On peut y faire de la pêche toute l’année. Parmi tous les types de pêche, le plus intéressant est la pêche à la palangre, avec de multiples hameçons ; la ligne est si longue qu’elle peut faire jusqu’à 100 kilomètres, soit la distance entre Séoul et Cheonan. Les profondeurs de l’océan varient : 500 mètres, 800 mètres, 1 000 mètres. Cette eau a la teinte de l’encre. Comme la ligne court sous l’eau sur une centaine de kilomètres, quand les poissons mordent, les prises sont énormes.

Il y a des requins si grands qu’ils n’ont aucun mal à avaler quelqu’un ; ça ne coince pas dans la gorge. L’espadon aussi peut aller jusqu’à trois, voire quatre mètres. Le requin va attaquer cet espadon et l’avaler, sauf la tête. C’est la guerre. Si le requin tombe sur ce genre de bête, sans plus de salutations, il l’avale, et puis fait son tour de nage comme un prince. (192-152, 3.7.1989)

Maintenant, il faut aller au pôle Nord et pêcher sur la glace. Il nous reste à attraper des lions de mer vers le haut sur la glace. Si vous allez en Australie, vous y trouverez quelque chose appelé le Black Mario, qui pèse 3 000 livres. Puisque je dois faire dans les 200 livres, le Black Mario fait 15 fois mon poids. Les poissons 15 fois plus gros que moi, ça existe. Si je pêche des baleines maintenant, j’en attraperai. Lorsque des baleines mordent, la ligne de pêche peut se déchirer, j’ai donc tout laissé tomber. Mais quand on attrape des prises trop grosses, je les relâche, car la ligne risque de casser. Sinon, pareilles prises mériteraient d’aller au musée. Cette bête est tellement forte, pour l’attraper il faudrait lutter plus que cinq heures. Je me suis dit : « Ce poisson, si je l’attrape ne servira à rien, alors à quoi bon ? », j’ai tout laissé tomber. J’ai donc voulu prendre tout ce que j’avais envie d’attraper. (222-277, 3.11.1991)

Si vous avez vu la photo du flétan dans l’album photo tout à l’heure, vous devez le savoir, mais ceci est la prise du poisson. Dans la région maritime de Gloucester, près de Boston, il y a des thons géants, des thons rouges, et mon record est un thon de 1 272 livres. Il mesurait plus de 18 pieds (5,5 mètres). Il dépasse donc cinq mètres. Celui que je viens d’attraper fait 14,9 pieds, c’est plus grand qu’un taureau. Les plus grands tigres pèsent dans les 700 livres et des animaux comme le taureau pèsent milles livres. Voilà donc un poisson plus gros qu’un taureau. La plupart des gens font des prises de 200 livres, mais mon record fait six fois cela. Avec des prises aussi énormes, cette activité est épatante, n’est-ce pas ? C’est bien mieux qu’une victoire de général lors de la deuxième guerre mondiale. Un vrai homme qui essaie de pêcher est comme un prince, et une fois qu’il va pêcher, il serait prêt à vendre sa femme pour continuer. Vous ne pouvez pas comprendre, à moins d’essayer. (167-136, 11.7.1987)

Le bar rayé, voilà aussi un beau poisson. C’est encore plus savoureux que le thon. Servi cru, il a un goût très agréable. Sa chair est ferme et agréable. Les Japonais disent que le meilleur, c’est le toro (とろ), la partie grasse de l’abdomen du thon. Qu’ils goûtent un peu le bar rayé, et ils se précipiteront dessus. D’ailleurs, notre Mère n’est pas friande de Sushi (すし). La première fois qu’on mange cela, on a l’impression de mâcher de la viande de serpent. Quand on le mâche, il arrive parfois aussi qu’il vous glisse de la bouche et tombe. C’est pareil à de la viande de serpent. Mais avoir goûté au bar rayé, notre Mère a dit : « Ça, c’est du poisson cru ! Du bar rayé cru… » Quand je lui dis d’être prête pour la pêche, elle dit : « Ah ! Vraiment », et elle me suit, en sachant que c’est pour attraper du bar rayé. C’est pour cela que c’est si intéressant et que la pêche est une activité aussi stimulante. (192-152, 3.7.1989)

Il n’y a pas de poisson qui ne puisse se manger cru. À cause du sang, cela peut paraître désagréable, mais en enlevant la peau et en nettoyant, il n’est pas nécessaire d’y ajouter du gochujang. C’est simple, suffisamment nourrissant, vous ne savez pas combien c’est bon à manger. On mange des cellules vivantes, ce ne sont pas des cellules mortes. Vous avalez à grandes bouchées et vous vous reposez ensuite toute la journée dans le bateau. Ne vous inquiétez pas pour la diarrhée. Vous avez la diarrhée parce que vous ne savez pas manger. Je sais vivre avec style, mais vous n’avez pas cet art de vivre. (189-291, 17.6.1989)


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