
Livre XII
La providence du Pacifique
Chapitre II
Le monde de la plaisance et de l’industrie
des loisirs
1. Le développement de l’industrie de
plaisance
1.3. L’industrie de loisir du futur qui sera
en vedette – la pêche à la ligne
1.3.1. Les joies et le piment de la pêche en
mer
En haute mer évoluent les espadons et les thons
à nageoires jaunes. Les plus gros pèsent bien 300 livres soit de l’ordre de 150
kilos. C’est une fois et demie mon poids. Comme ces poissons se déplacent en
bancs, il suffit d’en attraper un pour en attraper des centaines. Ces bancs de
poissons sont les proies des attaques de requins. Quand un requin attaque, le
sang se répand. Dans ce cas, les requins des environs arrivent et deux tiers de
notre pêche finit par être le repas des requins. On est alors sous le choc. À
bord du bateau, on entretient de grands espoirs et tout s’effondre en un
instant à cause de l’attaque des requins. (192-152, 3.7.1989)
Quand une grosse prise mord, les vibrations
se propagent dans la mer. Lorsqu’on fait du bruit sur le bateau, c’est comme si
on lui frappait la tête à coups de marteaux. Pendant des décennies ils ont
survécu à des difficultés dans la mer, subissant l’assaut d’un grand nombre de
vagues furieuses. On peut facilement imaginer par quoi ils sont passés.
Il ne faut donc pas faire de bruit au-dessus
de l’eau. Le poisson sait déjà, vu la situation, à combien de mètres se trouve
l’être humain. (221-84, 23.10.1991)
Attraper le thon, ce n’est pas de la pêche.
C’est carrément de la chasse en mer. C’est la première fois que vous entendez
le mot « chasse en mer », n’est-ce pas ? Attraper un thon est plus difficile
qu’attraper un grand bœuf. La bête peut peser plus de 1 000 livres. Vous avez
des prises qui peuvent aller jusqu’à 500, 600, 700 kilos, c’est plus qu’un
taureau. Attraper une telle bête, c’est très excitant. Il faut vider l’animal
de son sang car s’il baigne trop longtemps dans son sang après la prise, le
poisson va pourrir. Alors, la mer devient en un instant une mer de sang. Je me
dis alors : « Oh ! Je suis sans pitié ! » À chaque fois que je pense ainsi, je
me dis : « Dieu laisse aussi les êtres humains endurer des sacrifices pour la
libération de l’humanité. » De plus, je me dis : « Ces poissons pris dans la
nature, je ne me suis pas donné de la peine pour les éduquer. Mais désormais,
je ferai de l’élevage piscicole, et en ferai des offrandes » et je suis
soulagé. C’est pour cela que je fais de l’élevage et de la pêche. (219-196,
29.8.1991)
Le poisson est si grand que même si deux
personnes de notre taille se tiennent debout, elles seront cachées par
l’animal. C’est incroyable qu’un animal de cette taille puisse être pris et
ramené au bout d’une ligne qui fait tout juste un millimètre. C’est comme
attraper un taureau et le tirer à la ligne. Cette ligne est petite, mais
épatante. En tant que femmes, même si vous n’arrivez pas à attraper le poisson,
n’avez-vous pas envie de voir cela au moins une fois ? (224-211, 24.11.1991)
Hier j’ai également attrapé un centrolophe
noir, vous n’avez pas idée de sa force. Ce poisson avait ouvert une coquille
Saint Jacques pour l’avaler. C’est étonnant. La pêche à la ligne qui requiert
le plus d’attention est celle de ce centrolophe noir. Vous connaissez les
crabes, non ? Si on suspend un crabe coupé en deux à l’hameçon, le poisson en
arrache un bout en un clin d’œil. Il va s’y prendre par petites touches
rapides. Ça tient du prodige. S’il y a plusieurs lignes avec des appâts dans
l’eau, les centrolophes noirs viennent attraper les appâts, et vous ne vous
apercevez de rien. (217-208, 1.6.1991)
Pierre était un pêcheur, n’est-ce pas ? N’êtes-vous
pas tous descendants de pêcheurs, alors ? Vous devez donc tous connaître la
mer. Qu’êtes-vous venus attraper en Alaska ? Le flétan est un poisson qui se
prend pour le roi, allongé au fond de l’eau sur son ventre. Il vit et se
nourrit en restant allongé sur son abdomen. Ses yeux ressortent comme des
antennes et il vit là au fond de la mer, tel un rocher couvert de mousse. Il
est allongé et puisqu’il émet une odeur, des petits poissons s’y rassemblent.
Quand les petits poissons se sont regroupés, il tord son corps pour les
attraper et les avaler.
Il mange et vit allongé sur son abdomen. Il
est comme Satan. Il est le Satan « roi ». Il dit : « Que quelqu’un dans le
monde entier ose venir me toucher ! » Lorsqu’il est accroché à l’hameçon et
qu’on le tire, il continue à dire : « Qui a le toupet de venir me toucher ! »
Puis après s’être calmé, il commence à se dire : « Oh là là, c’est la
catastrophe ! » Le flétan de l’Alaska a déjà reçu la foudre du révérend Moon.
Personne ici à Kodiak, n’attrape de flétan de plus de 80 livres. Quand le
révérend Moon est arrivé dans ces eaux là, il y a eu pour la première fois des
prises de 200, 300 livres. (206-274, 14.10.1990)
Si la pêche est excitante, c’est qu’on y voit
du sang. Vous ne savez pas combien de stress est libéré quand on voit du sang.
C’est pareil pour la chasse. Comment soulager le stress des êtres humains
modernes autrement ? Voir du sang, c’est bouleversant. Savez-vous pourquoi les
Romains de l’antiquité étaient cruels ? Ils étaient soulagés de leurs tensions
en voyant le sang de gens qui mourraient déchiquetés, les gens aimaient bien
cela. Quand on voit le sang couler, on dit : « Whaoh ! » et les cellules se
mettent sens dessus dessous. Le stress n’a plus d’endroit où se loger, et prend
la fuite. Les hommes qui ne savent ni pêcher ni chasser, sont de vraies femmes.
Ne vivez pas avec ce genre d’individus. (203-57, 14.6.1990)
À force de vivre dans la civilisation, l’être
humain accumule le stress. Comment s’en débarrasser ? Il ne suffit pas d’en
parler. Il faut de l’excitation ! Si vous n’avez pas quelque chose de plus fort
que la vue du sang, ça ne marche pas. Au moment où l’on voit du sang gicler et
des morceaux de viande se tortiller, des choses comme le stress ne peuvent pas
rester. Il prend la fuite. C’est la même chose pour la chasse. Des poissons
comme le thon sont trois fois plus grand qu’un bœuf. Si la bête est harponnée,
le sang va gicler de partout. Lorsqu’on regarde la mer à ce moment, elle
devient toute rouge.
À ce moment là, vous vous sentez une âme de
poète. En voyant cela, les femmes vont peut-être s’évanouir en criant : « Ah,
mon Dieu, ah, ah… » C’est une vraie horreur. Le stress n’a donc aucune place
là-dedans. Il se dissipe. C’est stimulant à ce point. (192-152, 3.7.1989)
En mobilisant les Japonais, l’industrie du
tourisme est prometteuse aux États-Unis. On peut y faire de la pêche toute
l’année. Parmi tous les types de pêche, le plus intéressant est la pêche à la
palangre, avec de multiples hameçons ; la ligne est si longue qu’elle peut faire
jusqu’à 100 kilomètres, soit la distance entre Séoul et Cheonan. Les
profondeurs de l’océan varient : 500 mètres, 800 mètres, 1 000 mètres. Cette
eau a la teinte de l’encre. Comme la ligne court sous l’eau sur une centaine de
kilomètres, quand les poissons mordent, les prises sont énormes.
Il y a des requins si grands qu’ils n’ont
aucun mal à avaler quelqu’un ; ça ne coince pas dans la gorge. L’espadon aussi
peut aller jusqu’à trois, voire quatre mètres. Le requin va attaquer cet
espadon et l’avaler, sauf la tête. C’est la guerre. Si le requin tombe sur ce
genre de bête, sans plus de salutations, il l’avale, et puis fait son tour de
nage comme un prince. (192-152, 3.7.1989)
Maintenant, il faut aller au pôle Nord et
pêcher sur la glace. Il nous reste à attraper des lions de mer vers le haut sur
la glace. Si vous allez en Australie, vous y trouverez quelque chose appelé le
Black Mario, qui pèse 3 000 livres. Puisque je dois faire dans les 200 livres,
le Black Mario fait 15 fois mon poids. Les poissons 15 fois plus gros que moi,
ça existe. Si je pêche des baleines maintenant, j’en attraperai. Lorsque des
baleines mordent, la ligne de pêche peut se déchirer, j’ai donc tout laissé
tomber. Mais quand on attrape des prises trop grosses, je les relâche, car la
ligne risque de casser. Sinon, pareilles prises mériteraient d’aller au musée.
Cette bête est tellement forte, pour l’attraper il faudrait lutter plus que
cinq heures. Je me suis dit : « Ce poisson, si je l’attrape ne servira à rien,
alors à quoi bon ? », j’ai tout laissé tomber. J’ai donc voulu prendre tout ce
que j’avais envie d’attraper. (222-277, 3.11.1991)
Si vous avez vu la photo du flétan dans
l’album photo tout à l’heure, vous devez le savoir, mais ceci est la prise du
poisson. Dans la région maritime de Gloucester, près de Boston, il y a des
thons géants, des thons rouges, et mon record est un thon de 1 272 livres. Il
mesurait plus de 18 pieds (5,5 mètres). Il dépasse donc cinq mètres. Celui que
je viens d’attraper fait 14,9 pieds, c’est plus grand qu’un taureau. Les plus
grands tigres pèsent dans les 700 livres et des animaux comme le taureau pèsent
milles livres. Voilà donc un poisson plus gros qu’un taureau. La plupart des
gens font des prises de 200 livres, mais mon record fait six fois cela. Avec des
prises aussi énormes, cette activité est épatante, n’est-ce pas ? C’est bien
mieux qu’une victoire de général lors de la deuxième guerre mondiale. Un vrai
homme qui essaie de pêcher est comme un prince, et une fois qu’il va pêcher, il
serait prêt à vendre sa femme pour continuer. Vous ne pouvez pas comprendre, à
moins d’essayer. (167-136, 11.7.1987)
Le bar rayé, voilà aussi un beau poisson.
C’est encore plus savoureux que le thon. Servi cru, il a un goût très agréable.
Sa chair est ferme et agréable. Les Japonais disent que le meilleur, c’est le
toro (とろ),
la partie grasse de l’abdomen du thon. Qu’ils goûtent un peu le bar rayé, et
ils se précipiteront dessus. D’ailleurs, notre Mère n’est pas friande de Sushi
(すし).
La première fois qu’on mange cela, on a l’impression de mâcher de la viande de
serpent. Quand on le mâche, il arrive parfois aussi qu’il vous glisse de la
bouche et tombe. C’est pareil à de la viande de serpent. Mais avoir goûté au
bar rayé, notre Mère a dit : « Ça, c’est du poisson cru ! Du bar rayé cru… »
Quand je lui dis d’être prête pour la pêche, elle dit : « Ah ! Vraiment », et
elle me suit, en sachant que c’est pour attraper du bar rayé. C’est pour cela
que c’est si intéressant et que la pêche est une activité aussi stimulante.
(192-152, 3.7.1989)
Il n’y a pas de poisson qui ne puisse se
manger cru. À cause du sang, cela peut paraître désagréable, mais en enlevant
la peau et en nettoyant, il n’est pas nécessaire d’y ajouter du gochujang.
C’est simple, suffisamment nourrissant, vous ne savez pas combien c’est bon à
manger. On mange des cellules vivantes, ce ne sont pas des cellules mortes.
Vous avalez à grandes bouchées et vous vous reposez ensuite toute la journée
dans le bateau. Ne vous inquiétez pas pour la diarrhée. Vous avez la diarrhée
parce que vous ne savez pas manger. Je sais vivre avec style, mais vous n’avez
pas cet art de vivre. (189-291, 17.6.1989)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires sont les bienvenus